Table des matières

L'Évolution Éthique dans la Tradition Hébraïque et l'Héritage Spirituel Partagé

Introduction

La relation entre Dieu et le peuple hébreu, telle que présentée dans les textes bibliques, révèle une tension profonde entre des récits de conquêtes militaires attribuées au soutien divin et un enseignement éthique progressivement raffiné au fil des siècles. Cette dualité mérite d'être explorée pour comprendre que, malgré certains épisodes guerriers, l'essence du message divin transmis à travers la tradition hébraïque repose sur des valeurs morales universelles de justice, de compassion et de respect de la dignité humaine.

I. Les Récits de Guerre et Leur Contexte Historique

### A. Les Conquêtes de Canaan

Les livres de Josué et des Juges contiennent plusieurs récits où les victoires militaires sont attribuées à l'intervention divine :

“L'Éternel dit à Josué : Vois, je livre entre tes mains Jéricho et son roi, ses vaillants soldats.” (Josué 6:2)
“L'Éternel dit à Josué : Ne les crains point, car je les livre entre tes mains, et aucun d'eux ne tiendra devant toi.” (Josué 10:8)

Ces textes, rédigés dans un contexte de sociétés tribales du Proche-Orient ancien, reflètent les conceptions militaires et religieuses de leur époque. La divinité nationale était souvent perçue comme garantissant la protection et les victoires militaires.

### B. Une Lecture Contextuelle Nécessaire

Ces récits doivent être compris dans leur contexte historique et littéraire. Les recherches archéologiques contemporaines suggèrent que la conquête militaire de Canaan fut probablement moins systématique et plus progressive que ne le présentent les textes, indiquant une dimension théologique et symbolique importante dans ces narrations.

Comme le rappelle le rabbin Jonathan Sacks :

“La Torah parle le langage des hommes… Elle utilise les idiomes, métaphores et conventions narratives de son temps pour communiquer des vérités éternelles.”

## II. Le Cœur de la Révélation : L'Éthique du Sinaï

### A. Les Dix Commandements et la Loi Mosaïque

Malgré ces récits de guerre, le fondement de l'alliance entre Dieu et Israël repose sur la révélation du Sinaï et les principes éthiques qui en découlent :

“Tu ne tueras point. Tu ne commettras point d'adultère. Tu ne déroberas point. Tu ne porteras point de faux témoignage contre ton prochain.” (Exode 20:13-16) Commandement-temoignage

Le Lévitique va plus loin en établissant le principe fondamental :

“Tu aimeras ton prochain comme toi-même.” (Lévitique 19:18)

### B. Le Respect de l'Étranger

Contrairement à la logique guerrière de conquête, la Torah insiste constamment sur le respect et la protection de l'étranger :

“Tu n'opprimeras point l'étranger ; vous savez ce qu'éprouve l'étranger, car vous avez été étrangers dans le pays d'Égypte.” (Exode 23:9)
“Vous aurez une même loi, pour l'étranger comme pour l'indigène ; car je suis l'Éternel, votre Dieu.” (Lévitique 24:22)
“Tu aimeras l'étranger comme toi-même ; car vous avez été étrangers dans le pays d'Égypte.” (Deutéronome 10:19)

Ces commandements transcendent radicalement la logique d'opposition tribale et proposent une éthique universelle remarquable pour l'époque.

III. L'Évolution Prophétique : Vers une Spiritualité de Justice

A. La Critique des Violences au Nom de Dieu

Les prophètes développent une critique interne puissante contre l'instrumentalisation de Dieu à des fins politiques ou militaires :

“Qu'ai-je affaire de la multitude de vos sacrifices ? dit l'Éternel… Cessez de faire le mal, apprenez à faire le bien, recherchez la justice, protégez l'opprimé ; faites droit à l'orphelin, défendez la veuve.” (Isaïe 1:11,16-17)

Osée exprime clairement cette priorité divine :

“Car j'aime la piété et non les sacrifices, et la connaissance de Dieu plus que les holocaustes.” (Osée 6:6)

B. Une Vision Pacifique de l'Avenir Messianique

Les prophètes tardifs présentent une vision messianique radicalement pacifique :

“De leurs glaives ils forgeront des hoyaux, et de leurs lances des serpes ; une nation ne tirera plus l'épée contre une autre, et l'on n'apprendra plus la guerre.” (Isaïe 2:4)

Le prophète Zacharie annonce un messie explicitement non-violent :

“Voici, ton roi vient à toi ; il est juste et victorieux, il est humble et monté sur un âne, sur un ânon, le petit d'une ânesse.” (Zacharie 9:9)

C. L'Essence de la Volonté Divine Selon les Prophètes

Michée résume cette évolution spirituelle dans une formule devenue emblématique :

“On t'a fait connaître, ô homme, ce qui est bien ; et ce que l'Éternel demande de toi, c'est que tu pratiques la justice, que tu aimes la miséricorde, et que tu marches humblement avec ton Dieu.” (Michée 6:8)

Jérémie explique que la nouvelle alliance sera inscrite dans les cœurs, signalant un dépassement des conceptions matérielles et nationalistes :

“Je mettrai ma loi au-dedans d'eux, je l'écrirai dans leur cœur ; et je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple.” (Jérémie 31:33)

IV. Yeshouah et l'Accomplissement de la Vision Prophétique

A. Le Rejet du Messianisme Guerrier

Yeshouah (Jésus), s'inscrivant pleinement dans cette tradition prophétique, rejette explicitement la conception d'un messie guerrier :

“Mon royaume n'est pas de ce monde… si mon royaume était de ce monde, mes serviteurs auraient combattu pour moi.” (Jean 18:36)

Lorsque Pierre utilise l'épée, il le réprimande :

“Remets ton épée à sa place ; car tous ceux qui prendront l'épée périront par l'épée.” (Matthieu 26:52)

B. L'Éthique Radicale de Non-Violence

Il pousse l'enseignement éthique jusqu'à son accomplissement radical :

“Vous avez appris qu'il a été dit : Œil pour œil et dent pour dent. Mais moi, je vous dis de ne pas résister au méchant. Si quelqu'un te frappe sur la joue droite, présente-lui aussi l'autre.” (Matthieu 5:38-39)
“Vous avez appris qu'il a été dit : Tu aimeras ton prochain, et tu haïras ton ennemi. Mais moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent.” (Matthieu 5:43-44)

C. L'Amour comme Accomplissement de la Loi

Il présente l'amour comme le cœur et l'accomplissement de toute la tradition hébraïque :

“Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, et de toute ta pensée. C'est le premier et le plus grand commandement. Et voici le second, qui lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. De ces deux commandements dépendent toute la loi et les prophètes.” (Matthieu 22:37-40)

V. L'Héritage Rabbinique : Une Lecture Pacifique des Textes Difficiles

La tradition rabbinique a également développé des interprétations qui tempèrent la dimension guerrière des textes anciens :

“Qui est fort ? Celui qui maîtrise ses passions.” (Pirke Avot 4:1)

Le Talmud affirme :

“Quiconque sauve une vie, c'est comme s'il avait sauvé le monde entier.” (Talmud, Sanhédrin 37a)

Le rabbin Hillel résume l'enseignement éthique fondamental :

“Ce qui t'est détestable, ne le fais pas à ton prochain. C'est toute la Torah, le reste n'est que commentaire.” (Talmud, Shabbat 31a)

VI. Une Continuité Spirituelle à Redécouvrir

A. Yeshouah dans la Continuité de l'Évolution Éthique Juive

Yeshouah s'inscrit pleinement dans la lignée directe de l'évolution éthique et spirituelle du judaïsme. Loin de représenter une rupture, son enseignement constitue un développement organique de la tradition prophétique hébraïque. Quand il déclare :

“Ne croyez pas que je sois venu pour abolir la loi ou les prophètes ; je suis venu non pour abolir, mais pour accomplir.” (Matthieu 5:17)

Il exprime précisément cette continuité. Ses enseignements sur l'amour, la non-violence et la justice sociale prolongent directement la tradition prophétique et éthique du judaïsme.

Jesus

B. La Redécouverte de Yeshouah par la Pensée Juive Moderne

Pour la tradition juive, reconnaître cette continuité ne signifie pas nécessairement embrasser le christianisme comme religion, mais implique une reconsidération de Yeshouah comme figure importante dans l'évolution de la pensée éthique juive.

Martin Buber, philosophe juif majeur du XXe siècle, écrivait :

“Depuis ma jeunesse, j'ai considéré Jésus comme mon grand frère. Le fait que la chrétienté l'ait considéré et le considère encore comme Dieu et Sauveur, m'a toujours paru un fait de la plus haute importance, que je dois essayer de comprendre pour l'amour de lui et pour l'amour de moi-même.”

Franz Rosenzweig, autre penseur juif influent, affirmait :

“Nous reconnaissons dans le Christ et dans sa place dans l'histoire la réalité la plus importante… à côté d'Israël lui-même.”

Le rabbin Abraham Joshua Heschel soulignait quant à lui :

“Jésus n'a jamais demandé le renoncement aux enseignements fondamentaux du judaïsme… Son but n'était pas d'abolir mais d'accomplir, de porter à leur terme le judaïsme et la Torah.”

C. Pour les Chrétiens : Redécouvrir les Racines Juives

Réciproquement, les chrétiens gagneraient à reconnaître que leur foi n'est pas née d'un rejet du judaïsme, mais en est issue directement. L'antijudaïsme qui a marqué l'histoire chrétienne représente une profonde contradiction avec l'enseignement même de celui qu'ils reconnaissent comme Messie - un Juif pratiquant qui citait constamment la Torah et les Prophètes.

Paul, dans l'Épître aux Romains, met en garde contre ce rejet :

“Que dis-je donc ? Dieu a-t-il rejeté son peuple ? Loin de là !… Dieu n'a point rejeté son peuple, qu'il a connu d'avance.” (Romains 11:1-2)

Le pape Jean-Paul II exprimait cette idée avec force lors de sa visite historique à la synagogue de Rome en 1986 :

“L'Église du Christ découvre son 'lien' avec le judaïsme en scrutant son propre mystère… La religion juive ne nous est pas 'extrinsèque', mais, d'une certaine manière, elle est 'intrinsèque' à notre religion. Nous avons donc envers elle des rapports que nous n'avons avec aucune autre religion. Vous êtes nos frères préférés et, d'une certaine manière, on pourrait dire nos frères aînés.”

VI. Les Leçons de l'Histoire : Échecs de la Voie Guerrière et Triomphes de la Voie Éthique

A. Les Échecs des Guerres lorsque le peuple n'est pas sincère dans son amour divin

L'histoire du peuple hébreu offre également des exemples éloquents où la confiance en une intervention divine guerrière a conduit à des échecs tragiques :

La défaite d’Israël à Aï (Josué 7)

Après la grande victoire de Jéricho, Israël attaque la petite ville d’Aï en pensant qu’elle sera facile à conquérir. Mais ils subissent une défaite humiliante. Pourquoi ? Parce qu’un homme, Acan, a désobéi à l’ordre de Dieu en gardant pour lui des objets interdits après la prise de Jéricho. Leçon : Ils pensaient pouvoir gagner simplement parce qu’ils étaient le peuple de Dieu, mais leur désobéissance les a privés de sa protection.

L’échec du roi Saül quand il offre un sacrifice (1 Samuel 13)

Saül doit attendre Samuel pour offrir un sacrifice avant la bataille contre les Philistins, mais, impatient, il décide de l’offrir lui-même au lieu d’attendre le prophète. Juste après, Samuel arrive et lui dit que son royaume ne durera pas, car il n’a pas obéi à Dieu. Leçon : Saül pensait que le rituel suffisait, mais ce que Dieu voulait, c’était l’obéissance et la foi.

Le peuple regarde le [[serpent airain]] avec superstition (Nombres 21 & 2 Rois 18:4)

Serpent airain

Dans le désert, Dieu ordonne à Moïse de fabriquer un serpent d’airain que les Israélites doivent regarder pour être guéris des morsures de serpents. Des siècles plus tard, les Israélites commencent à vénérer cet objet comme une idole, au point que le roi Ézéchias doit le détruire. Leçon : Un objet sacré peut devenir une idole si on oublie que c’est Dieu qui agit derrière lui.

L’échec des fils de Scéva face aux démons (Actes 19:13-16, Nouveau Testament)

Sept exorcistes juifs, les fils de Scéva, essaient d’expulser un démon en invoquant le nom de Jésus « comme une formule magique », sans vraiment avoir de relation avec lui. Mais le démon leur répond : “Je connais Jésus, et je sais qui est Paul ; mais vous, qui êtes-vous ?”, puis il les attaque violemment. Leçon : On ne peut pas utiliser le nom de Dieu comme un simple outil sans avoir une véritable foi et relation avec lui.

La Révolte des Maccabées

Si elle connut d'abord des succès, elle conduisit ultimement à l'établissement de la dynastie hasmonéenne qui s'éloigna des idéaux religieux initiaux et sombra dans les luttes intestines et la corruption.

La Grande Révolte contre Rome (66-73 EC)

Inspirée par des idéaux messianiques et l'attente d'une intervention divine, elle conduisit à la destruction du Temple de Jérusalem et à un désastre national. Flavius Josèphe rapporte comment certains zélotes étaient convaincus que Dieu interviendrait miraculeusement pour sauver le Temple, ce qui n'arriva pas.

La Révolte de Bar Kokhba (132-135 EC)

Soutenue par le rabbin Akiva qui voyait en Bar Kokhba le Messie guerrier, elle se solda par un échec catastrophique, la destruction de Jérusalem rebâtie en cité païenne (Aelia Capitolina) et l'interdiction aux Juifs d'y résider.

Au départ, lorsqu’ils décident d’amener l’Arche d’Alliance sur le champ de bataille (1 Samuel 4), leur démarche n’est pas fondée sur une foi sincère en Dieu, mais plutôt sur une superstition. Ils traitent l’Arche comme un objet magique, un talisman qui leur garantirait automatiquement la victoire, sans se remettre en question spirituellement.

D’ailleurs, juste avant cette décision, ils avaient déjà perdu une première bataille contre les Philistins. Au lieu de chercher la raison de cette défaite en eux-mêmes (leur péché, leur éloignement de Dieu), ils se disent simplement : Faisons venir l'Arche de l'Alliance de l’Éternel, et qu’elle vienne au milieu de nous, et qu’elle nous délivre de la main de nos ennemis (1 Samuel 4:3). Remarque bien qu’ils disent qu’elle nous délivre, comme s'ils comptaient plus sur l’objet que sur Dieu lui-même.

Le résultat est catastrophique : non seulement ils perdent la bataille, mais l’Arche est capturée par les Philistins, et les fils du grand prêtre Éli, Hophni et Phinées, meurent au combat. Ces deux prêtres étaient d’ailleurs corrompus, ce qui montre bien que le peuple n’était pas dans une relation fidèle avec Dieu à ce moment-là.

C’est après cette grande humiliation et des années de souffrance que, sous la direction de Samuel, Israël comprend que la véritable force vient d’une foi sincère et d’un retour à Dieu, et non d’un simple symbole religieux.

Ces exemples montrent les conséquences tragiques de l'instrumentalisation de Dieu à des fins de domination militaire ou politique.

B. Les Triomphes de la Voie Éthique

En contraste, l'histoire offre des exemples frappants où c'est précisément l'adhésion aux valeurs éthiques et spirituelles qui a permis des transformations profondes :

1. Après la défaite d’Israël et la capture de l’Arche par les Philistins (1 Samuel 4), un grand choc s’abat sur le peuple. Le sacrificateur Éli, en apprenant la nouvelle, meurt subitement, et l’Arche reste entre les mains des Philistins pendant sept mois. Mais là où elle est placée, des malheurs frappent les Philistins : leur dieu Dagon tombe face contre terre devant l’Arche, et des épidémies éclatent. Effrayés, ils décident de rendre l’Arche en la plaçant sur un char tiré par des vaches, qui la ramènent d’elles-mêmes en Israël (1 Samuel 5-6).

Cependant, malgré ce retour de l’Arche, les Israélites ne retrouvent pas immédiatement la faveur divine. Pendant vingt ans, l’Arche reste à Kirjath-Jearim, et Israël continue de souffrir sous la domination des Philistins. C’est alors que Samuel intervient en tant que prophète et juge. Dans 1 Samuel 7, il exhorte le peuple à abandonner ses idoles, notamment les Baals et les Astartés, et à revenir sincèrement à Dieu. Il leur dit en substance : Si vous revenez de tout votre cœur à l'Éternel, si vous ôtez les dieux étrangers du milieu de vous, et si vous servez Dieu seul, alors il vous délivrera des Philistins (1 Samuel 7:3).

Le peuple écoute Samuel et se rassemble à Mitspa pour un grand moment de repentance et de prière. Ils jeûnent, confessent leurs péchés et renouvellent leur engagement envers Dieu. Pendant ce rassemblement, les Philistins, voyant l’attroupement, décident d’attaquer. Pris de panique, les Israélites demandent à Samuel d’intercéder pour eux. Samuel offre alors un holocauste et prie Dieu avec ferveur.

C’est à ce moment que Dieu intervient de manière spectaculaire : il fait gronder le tonnerre contre les Philistins, semant la confusion dans leurs rangs. Les Israélites en profitent pour les battre et les poursuivre jusqu’à un point appelé Beth-Car. Cette victoire marque un tournant : les Philistins sont repoussés et n’envahissent plus Israël pendant toute la durée du ministère de Samuel.

Pour commémorer cette victoire et rappeler que c’est Dieu qui a agi, Samuel érige une pierre et la nomme Ében-Ézer, ce qui signifie Pierre de secours, en déclarant : Jusqu’ici, l’Éternel nous a secourus (1 Samuel 7:12).

Cet épisode montre bien que la victoire ne vient pas d’objets sacrés (comme l’Arche) ni de stratégies militaires, mais d’une relation sincère avec Dieu. C’est seulement après leur repentance et leur retour à Dieu que les Israélites retrouvent la victoire et la paix.

2. La Survie du Judaïsme après 70 EC : Après la destruction du Temple, le judaïsme rabbinique a survécu et prospéré non par la force militaire mais par une transformation spirituelle privilégiant l'étude, la prière et les actes de bonté comme nouvelles formes de culte.

3. La Transformation de l'Empire Romain : Paradoxalement, l'Empire qui avait détruit Jérusalem et persécuté les premiers chrétiens fut progressivement transformé par les valeurs éthiques du christianisme. Ce n'est pas par la guerre mais par l'exemple, le témoignage et la persévérance que cette transformation s'est opérée.

4. L'Impact de Martin Luther King Jr. : S'inspirant directement des principes de non-violence évangéliques, MLK a conduit un mouvement qui a transformé la société américaine sans recourir aux armes, démontrant la puissance révolutionnaire de l'amour et de la justice.

5. Le Mouvement de Gandhi : Bien que s'inscrivant dans une autre tradition religieuse, Gandhi a explicitement reconnu l'influence de l'enseignement de Jésus sur sa philosophie de non-violence (Satyagraha). Son succès à mettre fin à la domination britannique sans guerre illustre la puissance paradoxale de cette approche.

Ces exemples historiques semblent confirmer la sagesse prophétique selon laquelle les transformations les plus profondes ne viennent pas “ni par la puissance ni par la force, mais par mon Esprit, dit l'Éternel” (Zacharie 4:6).

VII. Conclusion : Vers une Reconnaissance Mutuelle d'un Héritage Partagé

Cette compréhension mutuelle permettrait de cicatriser des blessures historiques profondes et de reconnaître que ces deux traditions, malgré leurs différences théologiques, partagent un héritage éthique commun centré sur la justice, la compassion et le respect de la dignité humaine.

Pour les juifs, reconnaître Yeshouah comme un maillon important dans l'évolution de la pensée éthique juive ne signifie pas renoncer à leur identité ou à leurs pratiques distinctives. Au contraire, cela peut enrichir la compréhension de leur propre tradition et de sa capacité à inspirer des développements éthiques universels.

Pour les chrétiens, redécouvrir les racines juives de leur foi n'implique pas une dilution de leurs croyances spécifiques, mais une compréhension plus profonde et authentique de celui qu'ils considèrent comme le Christ, indissociable de son contexte juif et de la tradition spirituelle dont il est issu.

Cette reconnaissance mutuelle pourrait nous rappeler que l'évolution spirituelle authentique consiste moins en l'affirmation d'une identité religieuse exclusive qu'en l'incarnation progressive des valeurs universelles transmises à travers ces traditions. Elle nous permettrait également de mieux comprendre que la véritable nature de Dieu, telle qu'elle se dévoile progressivement à travers l'histoire spirituelle d'Israël et se prolonge dans l'enseignement de Yeshouah, transcende infiniment les conceptions guerrières et nationalistes pour s'orienter vers un idéal universel d'amour, de justice et de paix.

Comme l'exprime le prophète Isaïe, dont la vision inspire à la fois juifs et chrétiens :

“Il arrivera, dans la suite des temps, que la montagne de la maison de l'Éternel sera fondée sur le sommet des montagnes… Des peuples s'y rendront en foule. Et plusieurs nations s'y rendront et diront : Venez, et montons à la montagne de l'Éternel… Il sera le juge d'un grand nombre de peuples, il sera l'arbitre de nations puissantes, lointaines. De leurs glaives ils forgeront des hoyaux, et de leurs lances des serpes ; une nation ne tirera plus l'épée contre une autre, et l'on n'apprendra plus la guerre.” (Isaïe 2:2-4)

Cette vision prophétique d'une humanité réconciliée, ayant dépassé les logiques de violence et de domination, constitue l'héritage spirituel précieux que partagent juifs et chrétiens, un idéal vers lequel leurs traditions respectives, malgré leurs différences, peuvent collaborer à guider l'humanité.

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